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LE TIPI DE LASTIROKOI
18 décembre 2010

ODYSSEE

Il y a, dans ma tête, une planète inconnue

Sans ville, ni village,

Sous les arbres d’une inextricable jungle,

Il fait nuit et les clairières sont des marécages

Peuplées d’animaux monstrueux, un peu gluant

Un peu répugnant comme ceux

Dont je rêvais quand j’étais enfant.

Et loin, loin, à l’est, le rivage d’un océan

D’eau rouge sang, bordé d’une plage

De sable métallique.

Trois ou quatre soleils jettent une ombre erratique.

C’est une lumière de comète, froide,

Qui délave les couleurs de l’aube d’un trait sombre.

Allongé sur le métal de la grève,

Je regarde mes mains et je rêve

Mes bagues de bois aux doigts bleuissent.

Je regarde au large de cet océan sans limite

Et sur la plage de cette planète inconnue,

Je suis seul.

L’eau rouge agresse mon regard

Il y a des oiseaux noirs qui dérivent

Sans but, là-haut, dans le ciel

Et on entend dans la jungle,

Des grognements et des feulements

Evadés de gosiers sauvages

Dont l’odeur de charogne

Me donne la nausée.

Qu’est ce que je fais ici ?

Je ne m’en souviens pas…

Qu’est ce que je viens faire

Dans ce coin de l’univers ?

Je ne le sais pas.

J’ai mal partout et je porte dans la paume

Une longue blessure qui ne se referme pas.

Il y a dans ma tête, une autre planète,

Et je sais aujourd’hui, que je n’y retournerai pas…

C’est une odyssée dont on ne revient pas.

Jamais ne retrouverai la longue cacophonie des voix,

La ciselure des pierres du désert et des façades des monuments ;

Perdues à jamais l’exubérance des mégapoles

Et leurs tours dantesques qui pointent

Leurs doigts rageurs d’antennes hérissées

Vers les nuages, les merveilleux nuages

Enfuies les frais matins et les torrides midis

Et les soirs de porcelaines

Sur les rizières d’encre de chine, vernie.

Il y a dans ma tête, cette planète

Et aussi ce regard qui ne me quitte pas

Ce regard de jade où flotte

L’ombre d’une fumée,

Ce regard qui m’avait une fois pour toute envouté,

Pour qui je voulais accomplir tant d’exploits,

Exécuter tant d’œuvres, parfaites

Devenir un héros, un savant et un sage à la fois.

Voler sa force à Alexandre

Et prendre à Galilée, sa sagacité.

Dérober son trésor à la reine de Saba

Etre aventurier, poète, capitaine

Ou bien un enfant… le tien, peut être

Pour  m’endormir contre toi.

Oui, je ne sais pas ou je suis, ni pourquoi

Mais je sais pour qui et c’est pour toi.

Il y a dans ma tête cette planète et ce regard

Qu’un jour, tous les deux, j’ai perdu.

Et je sais aujourd’hui

Que je ne les retrouverai pas.

 

LASTIROKOI C 2010

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  • Retranché dans ses fôrets et sous son tipi ou il y a le WI FI (ben oui ça t'étonne?), un indien qui ne comprend plus grand chose au monde civilisé... Il vous emmene dans son monde de textes, d'histoires de tous les jours. N'hésitez pas à réagir vous aussi.
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