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LE TIPI DE LASTIROKOI

10 août 2012

VOYAGE

Il y a, sur la lune, aquarelle noyée dans un nuage, La larme bleue d’une luciole qui l’accompagne, Triste et solitaire, Et quelques moustiques, Battant l’air de leurs ailes translucides, Là, par hasard, pour voir passer La procession… Et enfin, porté...
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16 février 2013

LE MAITRE DES EAUX (chapitre 3 )

CHAPITRE 3 : L’INSTALLATION / premier jour

 

Il resta sur le seuil pendant qu’elle entrait ouvrir les volets. Puis, elle lui fit signe d’entrer. Du sable était passé sous la porte, poussé par le vent et crissait sous ses pas. Au milieu de la pièce qui sentait la fumée refroidie, une grande table rectangulaire était encombrée d’outils et d’ustensiles de cuisine. Dans la cheminée de pierre noircie, pendaient du lard jaune et un bouquet d’herbes. Un vieux fauteuil de cuir brun et un énorme coffre, le long du mur du fond, encadraient une porte entrouverte qui donnait sur une seconde pièce. Elle y pénétra. Il s’était assis sur un banc, les jambes coupées par la fatigue.

 

Elle revint rapidement. Elle s’était changée et portait une blouse grise. Elle vint le prendre par le bras en riant et le força à se lever. Il la suivi dans la seconde pièce. C’était une petite chambre. Un grand lit et une armoire de bois sombre prenaient presque toute la place. Par la fenêtre, étroite, il apercevait la lande immobile sous le ciel gris. Il y avait l’odeur des pommes qui mûrissaient dans un compotier de faïence bleue. Dans un placard, éclairé par une lampe à pétrole, sous un miroir, une cuvette de métal pleine d’eau, du savon, une serviette et un vieux rasoir à manche de corne.

 

Il se débarbouilla et se rasa maladroitement. Il s’assit sur le bord du lit pour passer une chemise blanche qu’elle avait sortie de l’armoire, mais il n’eut pas le temps de finir son geste. Il s’était effondré, le nez dans l’édredon : Il dormait déjà.

 

Il dormit tout le jour et toute la nuit qui suivit.

 

Quand il se réveilla, un jour gris s’était levé et des rafales de vent secouaient la croisée. Il se leva et se dirigea vers le cabinet de toilette. Il était totalement nu et ses vêtements avaient disparus. Il regarda le lit; il n’avait pas dormi seul ; le second oreiller portait encore l’empreinte d’une tête. Il s’aspergeât le visage d’eau froide et se ceignant la taille avec la serviette, il passa dans l’autre salle.

 

Personne ; La maison était vide. Des braises palpitaient faiblement dans la cheminée. Il sorti pour uriner, à quelques pas, dans un fossé plein d’orties. Le silence était encore plus prégnant qu’à l’intérieur. Il rentra en frissonnant. Dans l’âtre, deux pots de métal, l’un de café et l’autre de lait avaient été mis à tiédir. Il s’installa à table et prit le pain pour se couper deux tartines. En se penchant pour saisir le lait et le café, il aperçut un costume de velours sombre et une chemise de toile écrue soigneusement pliés sur le coffre. Devant, une paire de bottes était déposée impeccablement cirées. A coté, un beau chat noir montait la garde et le regardait de ses yeux verts.

 

Il déjeuna puis s’habilla et sorti, mettant sur ses épaules un caban pendu derrière la porte. Il alla marcher sur la grève d’où la mer se retirait. Il ne pensait à rien, il rêvait, il était bien, un peu comme un convalescent sortant d’une fièvre tropicale. Au loin, des oiseaux paillaient dans le silence chuchotant de la marée basse. Quand il s’assit sur un rocher, à coté de la maison, pour se reposer un peu, il s’aperçut que le chat l’avait suivi.

 

Elle ne rentra qu’au milieu de la journée. Il l’aperçu au détour du sentier, arrivant de la lande ; Elle portait un panier à bout de bras et un sac de toile sur l’épaule. Il vint au devant d’elle pour lui prendre le panier. Elle refusa son aide en secouant la tête.

 

Un peu essoufflée, elle posa son chargement sur la table et regarda la cheminée ; les cendres étaient noires ; il avait laissé mourir le feu. Elle le regarda en secouant à nouveau la tête et le poussa vers le vieux fauteuil. Elle jeta une brassée de branchages secs sur les chenets. Un mince ruban de fumée bleue se déroula doucement et brusquement un bouquet de flammes jaunes d’or s’ouvrit sur la pierre du foyer.

 

Elle sorti de ses paniers, des légumes aux fanes pleines de terre, des paquets enveloppés dans de gros papiers beiges, un pain noir plein de farine et enfin, un journal qu’elle lui tendit. Il parcouru la première page. C’était un quotidien à la mise en page et aux caractères noirs, austères ; un journal sérieux, surement bien-pensant, conservateur, sans photographie, ni dessin. Il ne comprenait rien ; même les titres, dont certains caractères lui étaient inconnus, étaient indéchiffrables,

 

Il releva la tête, elle était devant lui et lui tendait deux paquets grossièrement emballés, deux cadeaux. Dans le premier, il y avait une pipe, énorme, en bois lisse aux veines apparentes qui portait encore les marques du ciseau de l’artisan. Dans le second, c’était du tabac noir et très grossièrement coupé. Il la regarda, interrogatif. Elle lui dit quelque chose en pointant son index vers sa poitrine. Il la remercia en hochant la tête et commença à bourrer le foyer en tassant du pouce, le tabac puis se leva pour l’allumer à un tison de la cheminée. Il tira une bouffée et se mit à tousser, les larmes aux yeux. Elle éclata de rire. Il rit aussi, la gorge en feu et retourna s’asseoir dans le fauteuil. La seconde bouffée passa un peu mieux, bien que le tabac fût horriblement âcre ; mais, peu à peu il s’habitua. Elle lui fit signe de rester assis et de lire le journal puis retourna à ses provisions qu’elle rangeait dans le coffre de bois et sur la fenêtre. Puis, elle prit un gros poisson qu’elle se mit à vider avant de le mettre à cuire dans un four ouvrant dans la muraille de la cheminée. Elle chantonnait en mélangeant des œufs du lait et de la farine. Tout en fumant avec précaution sa pipe, il examinait la première page du journal. Il ne comprenait rien à cette langue. Ce qui était certain, par contre, c’est que la jeune femme semblait heureuse. Plus rien à voir avec la jeune femme mystérieuse, un peu trop maquillée, du train. Elle faisait plus jeune, presque une enfant qui semblait s’amuser, jouer à la ménagère préparant le repas de l’homme de la maison qui attendait en lisant son journal et en fumant sa pipe dans son fauteuil. Alors il continua à faire semblant d’être le père ou le mari de cette inconnue qui l’avait adopté même si la bouffarde commençait à lui donner la nausée.

 

Lorsqu’elle prit le broc d’eau pour aller à la pompe derrière la maison, il en profita pour poser la pipe et, lui prenant le récipient des mains, aller chercher lui-même l’eau afin de respirer un peu l’air du large.

 

Dehors, le silence de ce midi blanc lui sauta au visage. La lande qui s’étalait à perte de vue était déserte sous un ciel plombé de nuages gris et noir. La marée s’était retirée et le vent ne sifflait plus depuis le haut des rochers. Ce paysage ressemblait à son esprit, à sa mémoire… vide mais peuplée d’impressions, d’images. Il repensa à la nuit du train et frissonna. Songeur, il levait et abaissait le bras de la pompe. L’eau arriva d’un coup et l’éclaboussa d’un trait gelé.

 

Et quand il posa le broc plein d’eau sur l’évier, elle le regarda en souriant.

 

Ils mangèrent en silence, dans le silence de cette maison qui sentait à présent les aromates et le sucre du dessert. Elle le servait et quand elle lui proposa une troisième part de tarte, il refusa d’un geste de la tête. Il la regardait manger. Une enfant, une enfant qui prenait très au sérieux son rôle de maitresse de maison.

 

Après le repas, il voulut débarrasser la table. Elle l’en empêcha et le repoussa vers le fauteuil où il dû à nouveau reprendre sa pipe et son journal. Il continua à jouer son rôle de maître de maison.

 

Dès que la dernière assiette fut essuyée et que le coup de balaie fut passé sur le sol, elle s’approcha de lui et lui dit quelque chose en montrant la fenêtre de la main d’un large geste circulaire. Elle voulait aller se promener avec lui. Alors, il se leva et passa la grosse vareuse de tissus bleue. Elle passa un vêtement sombre et remit ses bottes. Ils sortirent et prirent le chemin de la lande. Le vent venait de se relever. La marée remontait. Au sens du vent et au bruit du ressac qui, alternativement, s’éloignait et se rapprochait, il comprit qu’ils longeaient la mer. Le sentier de sable gris et humide se mit à monter et bientôt, déboucha au sommet des dunes. Ils furent accueillit par une bourrasque de vent. L’horizon était ourlé à perte de vue de rouleaux d’écumes qui hésitaient entre l’ivoire des nuages et le jade des récifs. A main droite, la lande allait jusqu’à l’horizon souligné du fin ruban du petit sentier qui continuait à serpenter.

 

Ils reprirent leur route et bientôt, arrivèrent, derrière les dunes, dans une petite arène, presque parfaitement circulaire dont le centre était occupé par un enclos et une masure faite de branchages et de planches noires d’humidité. Elle souleva la barrière de l’enclos et une trentaine de moutons qui s’étaient abrités du vent derrière la masure se précipitèrent vers eux. Attiré par le bruit, une silhouette entrebâilla la porte de la masure et une femme, âgée et ridée par le vent, vêtue d’une large robe de grosse toile bleue, sans forme, sortie et s’avança vers eux. Elle prit la voyageuse dans ses bras et l’embrassa.

 

Puis, la vieille se tourna vers lui en demandant vraisemblablement à la jeune femme qui il était. Elle répondit longuement dans une langue dont il ne saisissait pas le moindre mot. La vieille posa deux ou trois questions et sembla satisfaites des réponses. Elle les fit rentrer.

 

C’était une cabane encore plus pauvre que celle de la jeune femme mais propre, très propre. Elle se déchassa sur le seuil et passa des chaussons de feutre et leur fit signe de s’asseoir sur un banc de bois face à une table de bois brut. Cette table et ce banc constituaient avec un cadre de lit plein de fourrage le seul ameublement de la pièce. Une vaste cheminée où brulait deux ou trois buches occupait le fond de la pièce. La lumière arrivait par une lucarne sur le côté gauche de la pièce, à l’opposé de la mer. Elle mit un récipient plein d’eau à chauffer. Les deux femmes discutaient. Il était question de lui car, à deux reprises, la jeune comme la vieille le désignait du regard. Mais il ne comprenait rien de ce qu’elles pouvaient dire. Elles parlaient vite. C’était une langue rugueuse pleine de sons sourds et lourds. Mais lui-même, et cette pensée deux secondes le déstabilisa, ne savait pas en quelle langue il pensait ou il parlait…

 

La vieille femme s’était approche de lui avec un pot de faïence à la main où elle avait jeté une poignée d’herbe. Elle lui tendit et versa l’eau bouillante par-dessus. Elle fit de même pour la jeune femme et enfin pour elle-même. La vieille dit 2 mots en soulevant la chope et bu une large gorgée de liquide bientôt suivit par la jeune. Il se décida enfin mais il failli tout recracher tellement c’était chaud. Il avala le liquide en s’ébouillantant l’œsophage. Les deux femmes s’en aperçurent et se mirent à rire. Cela lui faisait si mal qu’il avait les larmes aux yeux. Et puis la douleur s’estompa comme elle était venue et il se mit à apprécier le goût sauvage, un peu acidulé de l’infusion.

 

Et comme toutes les femmes qui ne peuvent pas rester deux secondes sans bavarder, elles reprirent leur discussion.

 

Soudain, la jeune femme après un léger silence, posa, avec, semble-t-il hésitation, une question à la vieille. Celle ci la regarda longuement puis le regarda lui, plissant les yeux allant même jusqu’a s’approcher le plus près possible en l’examinant presque sous le nez. Et avec un grand sourire, elle hocha la tête affirmativement en répétant deux ou trois fois « doï, doï, doï ». Elle semblait d’accord,

 

Elles parlèrent encore longtemps, si longtemps qu’il se leva pour se dégourdir les jambes. Il alla regarder, par la fenêtre, la lande toujours immobile dans le silence de l’après-midi qui s’écoulait doucement. Juste de temps à autre, un agneau qui devait appeler sa mère.

 

Lorsqu’ils reprirent le chemin du retour, la nuit tombait déjà.

 

Ce fut une soirée semblable à la journée qu’il venait de passer, feutrée, nimbé de quelque chose d’irréelle. Ce monde de lande et de mer, ces masures plantées au milieu de nulle part, ces moutons, jusqu’aux fleurs qui se déguisaient pour imiter des rochers, des récifs…

 

Oui, tout cela ressemblait à un décor de théâtre, semblait faux comme le compartiment du train, la gare déserte ou les tramways. Oui, Tout semblait faux et si réel à la fois.

 

Comme le midi, Elle ne voulut pas qu’il l’aide à faire la cuisine. Il resta donc assis sur le banc, devant la table, écoutant le vent qui soufflait de plus en plus fort dévalant la pente des dunes pour venir frapper à la porte. Il avait pris sur la table, un couteau, un vrai couteau de paysan à la lame forte et affûtée comme un rasoir. Devant lui, il y avait un morceau de bois flotté trouve sur le chemin du retour, patiné par les marées et le sable, Sans même y penser, il avait commencé à tailler le bois avec le couteau. Il regardait la jeune femme qui battait l’omelette et sans qu’il en prenne immédiatement conscience, c’était le buste de la jeune femme qu’il sculptait dans le bois… Bientôt, ce fut toute une silhouette qui apparue comme par magie.

 

Il dut s’interrompre pour manger.

 

Puis, à la lueur de deux lampes à pétrole qui fumaient un peu et des braises du feu, après la vaisselle, ils s’’installèrent chacun à un bout de la table, sur le banc ; elle tricotant un ouvrage de laine brune et rouge et lui, terminant la statuette de bois, étonné de ce don de sculpteur dont il n’avait même pas conscience. Tout deux dans le bruit du vent qui doucement tournait à la tempête s’absorbèrent dans leur ouvrage.

 

Longtemps après, elle se leva et lui dit certainement « bonne nuit ». Elle se dirigea vers la chambre à coucher et laissa la porte entrouverte. Il entendit, quelque temps après, qu’elle entrait dans le lit. Elle baissa la mèche de la lampe sans toutefois l’éteindre totalement.

 

A son tour, il pénétra dans la chambre et se déshabilla dans l’ombre. Elle lui avait laissé la place du coté de la lampe. Il eut l’impression qu’elle dormait déjà. Il se glissa dans le lit et ferma la lumière. Il était presque endormi quand il senti contre lui les deux pieds glacés de la jeune femme. Comme toutes les femmes du monde entier, elle venait chercher près de l’homme partageant sa couche un peu de chaleur pour se réchauffer les pieds. Il ne bougeât pas et tandis que la tempête se déchaînait sur l’estran, il s’endormit tout à fait.

 

LAST IROKOI C 2013

26 janvier 2013

LE MAITRE DES EAUX ( chapitre 2 )

CHAPITRE 2 : LE VOYAGE – la seconde nuit de train

 

Le tram n’avait qu’une seule voiture et son moteur « diesel », hors d’age, s’entendait de loin. Il roulait presque toujours à vide. Il quittait le dépôt avant l’aube, et traversait de village en village, les plaines agricoles de l’est pour arriver au terminus, devant le port, à l’heure du déjeuner. Le conducteur allait manger dans une auberge, face à la capitainerie et repartait, en sens inverse, toujours à vide, vers la campagne, pour arriver à la nuit tombée.

 

Le machiniste ne s’était pas aperçu de sa présence. Elle avait du monter en tête de ligne alors qu’il faisait encore nuit et qu’il avait le nez sous le capot, tapant sur un injecteur qui ne voulait pas fonctionner. Elle s’était installée à l’arrière de la voiture, près de la fenêtre.

 

Lorsqu’elle demanda l’arrêt à la gare, il regarda dans le rétroviseur et découvrit la jeune fille. Il s’arrêta à la station et tandis qu’elle descendait par la porte du milieu, le voyageur du train montait par l’avant. Le conducteur en secouant la tête lui dit quelque chose comme « Nema » et lui fit signe de redescendre.

 

Le voyageur se retourna : La jeune fille s’éloignait vers la gare. Il couru et l’arrêta par le bras au milieu du hall des départs. Elle leva le visage vers lui et le regarda. Elle était maigre et pâle, vêtue d’un manteau noir, presque belle, malgré la tache sanguine de son rouge à lèvres. Il lui demanda :

 

- Où sommes-nous ?

 

Elle ne réagit pas.

 

- Dans quelle ville ? Dans quel pays nous trouvons nous?

 

Elle continuait à le regarder tranquillement. Enfin, elle haussa les épaules pour dire qu’elle ne comprenait pas ou que cela n’avait pas d’importance. Enfin, elle prononça le même mot que le machiniste: « néma ». Puis, elle fit demi-tour et continua son chemin. Il l’a suivit sur le quai.

 

Il monta derrière elle, dans un vieil autorail, rouge et jaune qui attendait à quai. Il s’assit en face d’elle, le dos à la marche, près de la vitre. L’autorail était vide. Il démarra dans un nuage de gasoil. La pluie dessinait d’étranges ruisseaux sur la vitre frileuse.

 

Il la regardait. Elle, elle regardait le paysage. Bientôt la voie se mit à longer un rivage. La mer s’était retirée très loin sur l’estran. Tout était gris. Il regarda sa montre. Il était un peu plus de 14 heures. Il avait faim.

 

Du temps passa. Régulièrement, l’autorail s’arrêtait à des stations toujours désertes. Sous la crasse noire, les pancartes étaient illisibles.  Au bout du quai, souvent, un passage à niveau s’ouvrait, de part et d’autre des rails, vers la grève ou vers un marais, vers nulle part.

 

Il s’était endormi. Quand il rouvrit les yeux, la lumière sur la mer avait baissé. La nuit tombait. Il était presque 18 heures à sa montre. Il avait mal partout, au dos, à la nuque, aux reins. Il se leva et immédiatement tout se mit à tourner. La faim lui donnait la nausée. Elle le regarda. Il alla jusqu’au bout de la voiture et entra dans les wc. L’odeur de gasoil y était plus forte encore qu’ailleurs. Il eut un violent haut le cœur qui le tordit en deux mais il ne pu rien vomir. Il était livide dans le miroir. Il se passa un peu d’eau sur le front et se rinça la bouche. Puis, il retourna s’asseoir.

 

Elle le regarda à nouveau. Il avait une mine épouvantable :

 

- J’ai faim… mangée. Je suis malade… Malade vous comprenez ?

 

Il accentuait son discours en lui montrant de la main sa bouche et son estomac. Elle se leva, prit son sac au dessus d’elle et en sorti un paquet de gâteaux secs. Elle lui tendit. Il en dévora quatre d’un coup…Sa nausée se dissipa. Il allait mieux. Il en avala encore deux autres et songea enfin à la remercier en lui rendant le paquet presque vide. La jeune femme se leva et se dirigea vers les toilettes. Quand elle revint à sa place, il dormait, la tête appuyée contre la vitre.

 

Ce fut le silence qui le réveilla. L’autorail était arrêté en pleine campagne. C’était la nuit... Une lune de corail éclairait, sur la grève, des rochers pleins de givre. Plus loin, la mer immobile était figée. Un frisson le secoua. Il prit conscience du froid qui avait envahi le wagon, immobile.

 

La jeune fille, aussi, avait du avoir froid. Elle était venue s’asseoir à coté de lui et s’était rendormie. Cherchant de la chaleur, elle s’était pelotonnée contre son épaule. Tout doucement, il se contorsionna pour regarder l’heure à sa montre sans la réveiller. Il était un peu plus de 4 heures. Cela faisait 24 heures qu’il s’était réveillé dans le compartiment d’un train inconnu.

 

Il y eut une longue gifle de vent alternant nuit et lumière: Un express passait en sens inverse. Tout de suite après, l’autorail redémarra, franchi l’aiguillage et reprit la voie principale en accélérant. La jeune fille dit un mot incompréhensible dans son sommeil et se rapprocha encore un peu plus de lui. A l’horizon, sur la mer, la lune devenait de plus en plus rouge

 

Quand il se réveilla, le jour était levé. L’autorail suivait toujours le rivage. La plage était blanche, étincelante, aveuglante sous la neige et plus loin, la mer n’était qu’un chaos de glace et de granit mêlé. De l’autre coté de la voie, il y avait des marais. Il faisait froid, très froid et le chauffage de la voiture ne pouvait rien contre ce froid polaire.

 

Elle aussi était réveillée. Elle avait regagné sa place en face de lui. Elle regardait le paysage. De temps à autre, elle frissonnait. A sa montre, il était un peu plus de 7 heures du matin. Depuis l’arrêt de la nuit, l’autorail n’avait fait aucune halte.

 

Il fut prit d‘un malaise ; ce n’était pas la faim ce matin. Ce fut une brusque et ephèmere prise de conscience ; Il était ce voyageur amnésique qui depuis plus de trente heures maintenant, traversait, sans s’étonner, des paysages tristes, des villes froides et des gares désertes. S’il ne savait pas d’où il venait, il ne savait pas non plus ou ce train le menait, pourquoi il avait suivi cette fille et pourquoi il continuait de voyager avec elle. Comme au bord d’un gouffre, stupéfié de vertige, tout ce vide l’attirait.  C’était dans l’ordre des choses. Il se répéta deux ou trois fois cette phrase : « dans l’ordre des choses » et son malaise disparu.

 

Il lui montra le cadran de sa montre et lui demanda :

 

- Quand arrive t on ?

 

Elle le regardait sans comprendre.

 

- Quand est ce que l’on arrive ? A quelle heure ?

 

Elle ne comprenait toujours pas. Et comme il continuait à l’interroger, elle se tourna résolument vers la fenêtre. Elle boudait, comme une gamine.

 

Vers 8 h 15, l’autorail se mit à ralentir et aborda au pas une large courbe qui suivait le rivage. Dans une cacophonie de freins et d’amortisseurs malmenés, le convoi s’arrêta enfin. La jeune fille lança un regard au voyageur : c’était là.

 

Ils se levèrent. C’était une simple station comme le convoi en avait rencontré des dizaines depuis le début du voyage. Ils descendirent l’un derrière l’autre et la jeune femme faillit glisser sur la neige durcie. Il la rattrapa par le bras. L’autorail redémarra faisant s’envoler quelques oiseaux.

 

La gare était au milieu de nulle part ; aucun village, aucune maison, aucune âme, juste un sentier qui traversait un marécage gelé et allait, après le passage à niveau, se perdre vers la grève.

 

Ils marchèrent ; ils marchèrent longtemps longeant la mer derrière la ligne des dunes. Il faisait froid, très froid. Le silence était impressionnant, juste troublé par le bruit de la neige sur le sable qui craquait sous leur pas. Parfois, à leur approche, des oiseaux s’enfuyaient dans un froissement d’ailes, sans un cri.

 

Il était épuisé. Il marchait les yeux sur le sol de peur de tomber. Il avançait comme dans un rêve, sans penser à autre chose qu’à manger dans un endroit chaud où il pourrait se reposer enfin. Le reste n’importait pas, n’importait plus.

 

Enfin, le sentier fit un large détour pour contourner un gros dolmen. La maison était derrière. On ne savait qui, de la pierre levée ou de la bâtisse, soutenait l’autre. C’était une petite maison de pierre dont les fenêtres et la porte faisaient face au marais, n’offrant aux rafales du large que son dos de granit.

 

Elle se baissa pour prendre une clé cachée entre deux pierres près du seuil couvert de verglas.  Ils entrèrent.

 

Last Irokoi © 2013

26 janvier 2013

LE MAITRE DES EAUX (chapitre 1)

CHAPITRE 1 : LE VOYAGE – la première nuit de train

 

Ce fut le froid qui le réveilla, le froid et une crampe dans la cuisse gauche. Puis, il prit conscience du bruit, un bruit monotone, scandé, obsédant. Il ouvrit les yeux. C’était la nuit. Il ne comprenait pas où il était… Une veilleuse mauve, en haut, se reflétait dans une vitre d’où sourdait le froid.

 

Brusquement il comprit : il était dans un wagon, dans un vieux wagon à compartiments et il roulait dans la nuit. Presque aussitôt, il réalisa qu’il ne savait pas ce qu’il faisait dans ce train. A vrai dire, il n’avait aucun souvenir. Il se passa la main sur le front, allant jusqu’à chercher son nom. Il ne se souvenait de rien.

 

Il se leva, mal assuré sur ses jambes et chercha, en tâtonnant, le bouton pour ouvrir la lumière. Il le trouva au dessus de la porte aveuglée par un rideau de toile rêche, près de la veilleuse. Un plafonnier éclaira faiblement le compartiment vide. Il regarda sa montre. Elle marquait un peu plus de quatre heures.

 

Péniblement, il fit coulisser la porte et passa dans le couloir sombre et glacé. Il remonta le col de sa veste et fit quelques pas. Tous les compartiments étaient déserts et plongés dans l’obscurité.

 

Il arriva au bout du wagon. La porte des w.-c. battait contre celle du soufflet. Le vacarme des roues et des attelages était assourdissant dans les courants d’air gelés. Il tenta d’ouvrir la porte du soufflet pour passer dans l’autre voiture : elle était verrouillée.

 

Il fit demi-tour et parcourut à grandes enjambées, le couloir jusqu’à son autre extrémité. De ce coté là aussi, la porte du soufflet était fermée à clef. Il appela et cogna contre la vitre. Personne ne répondit.

 

Il était prisonnier d’un wagon désert d’un train lancé dans la nuit.

 

Il alla boire une gorgée d’eau au lavabo. Elle avait un sale goût de fer. Puis, il regagna sa place dans le compartiment. Tout, dans ce wagon, était sale ou abîmé. Il y avait des tâches sur les sièges. Les miroirs, les cendriers, les cadres pour la publicité avaient été arrachés et les filets à bagages, au dessus des sièges, pendaient, déchirés… C’est alors qu’il réalisa qu’il n’avait ni sac, ni valise. Il voyageait sans souvenir comme il voyageait sans bagage.

 

Il regarda par la fenêtre mais il n’y avait rien à voir à part son reflet et cette silhouette approximative, dans la lumière incertaine du train, ne lui rappelait rien… 

 

O

 

O                      O

 

Il avait dû se rendormir quelques instants quand il fut réveillé en sursaut par un contrôleur qui entrait en cognant son composteur contre la vitre de la porte. Machinalement, le voyageur sorti de sa poche intérieure, un portefeuille noir. Dedans, il y avait un ticket. Sans un mot, le contrôleur lui prit des mains, le composta, lui rendit et sortit rapidement.

 

Il se passa peut être 2 ou 3 secondes avant qu’il ne réagisse et se précipite dans le couloir. Le contrôleur était déjà presque tout au bout du wagon. Il courut après lui en l’appelant mais sa voix était couverte par le vacarme des roues. Lorsqu’il arriva à l’extrémité de la voiture, le contrôleur avait disparu et la porte de séparation était déjà refermée à clé. Sans trop y croire, il tapa deux ou trois fois contre la vitre en criant. Personne ne se manifesta. Alors il regagna son compartiment et reprit sa place. Peut être avait il rêvé ?

 

Pourtant, il avait gardé son billet à la main. L’encre du compostage l’avait maculé le rendant illisible. Il ouvrit le portefeuille. Il était vide. Pas de papier d’identité, pas d’argent, rien, absolument rien. Comme si quelqu’un, (lui ?) l’avait soigneusement vidé. Il remit le billet dans le portefeuille et le portefeuille dans sa poche intérieure.

 

A nouveau, son regard erra dans le vide, derrière la fenêtre. Insensiblement, ses yeux se fermaient. Juste avant de se rendormir tout à fait, il cru discerner dans le lointain, une lueur grise. Le jour se levait. Le train siffla longuement. Il dormait déjà. Sa montre marquait 4 heures et demi.

 

Du temps passa. Une longue plaine se découvrait lentement derrière la vitre, passant d’un gris frileux à un sépia morne. Incapable de se réveiller tout à fait, il alternait les périodes d’abrutissements complets et celles de « demi sommeil ». Il était comme au sortir d’une anesthésie, la bouche amère, sans réaction. Il ne trouvait pas la position qui aurait soulagé sa nuque et son dos qui lui faisaient mal.

 

La matinée passa, inexorablement, sans que le train ne ralentisse son allure. Vers midi, tout de même, son estomac se révolta. Il avait faim. Une nausée lui tordit le ventre et une mauvaise sueur baigna ses tempes. En proie à un vertige écœurant, il se leva et passa dans le couloir. Il fallait qu’il fasse quelque chose, qu’il avertisse quelqu’un, qu’il s’arrête quelque part et qu’il mange quelque chose.

 

Il alla tout au bout du couloir et secoua, en vain, la porte du soufflet toujours fermée à clef. Il allait devenir fou dans cette prison errante. Ses yeux se posèrent sur le signal d’alarme. Il allait l’empoigner quand, au même instant, le train, en passant sur un aiguillage, se mit à ralentir dans le crissement strident des freins.

 

Dehors, les premières maisons basses de ce qui semblait être un gros bourg campagnard surgirent de nulle part. Le convoi traversa lentement un faubourg désert. Au loin, entre les pâtés de maison, la mer se confondait avec l’horizon, dans la brume. Enfin, le train s’arrêta dans un profond soupir, le long d’un quai, vide.

 

Il ouvrit la portière et sauta du wagon. Il fut surprit par le silence seulement habité par un grincement, au loin. Personne d’autre que lui ne descendit des voitures d’un vert militaire, alignées derrière la locomotive. La locomotive, noire et luisante soufflait calmement une buée blanche. Aucun cheminot n’était visible ni sur le quai, ni près du tender ou autour des attelages. Personne non plus dans le poste d’aiguillage, en surplomb, tout au bout du quai. Pourtant, au moment où il allait entrer dans le hall de la gare, un long coup de sifflet suivit du halètement de la locomotive le fit se retourner. Le train s’arracha difficilement. Puis, il prit, au rythme sourd de ses roues, de la vitesse. Les wagons défilaient, de plus en plus vite, devant lui. Ils étaient vides. Il n’aperçu même pas le contrôleur de la nuit. Déjà, le feu rouge du fourgon de queue disparaissait dans une large courbe, après la station. Il frissonna et entra dans la gare.

 

Une verrière laissait tomber de la voûte un jour hésitant. Le bruit de ses pas résonnait dans le hall, sur le carrelage de pierre usée. Les guichets et la consigne à bagages étaient condamnés par des volets de bois. Au mur de la salle d’attente, un tableau noir mal effacé laissait encore deviner des chiffres en colonnes. A coté, une horloge marquait six heures. A sa montre, il était un peu plus de 13 h 30.

 

La sortie donnait sur une petite place où les rails d’un tram dessinaient sur les pavés, une large boucle, juste devant un kiosque de bois. Une pluie fine et glacée se mit à tomber. Il alla s’asseoir sur le banc à l’abri du kiosque. Il avait envie de dormir. Le bruit des vagues lui arrivait de très loin, dans le silence, doucement.

 

O

 

O                      O

 

31 décembre 2012

BONNE ANNEE

Je suggere que F Hollande chausse son beau nez rouge pour souhaiter une bonne année aux français.... Non? serieusement.....

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8 décembre 2012

IMAGINE

 

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Je suis un vieux monsieur. J’ai 70 ans. Alors ils sont tous venus. Il y a mes 2 fils et mes 3 filles, les gendres et les brus et les 7 petits enfants dont le plus vieux vient juste d’avoir 20 ans.

 

20 ans ; exactement l’age que j’avais quand… quand tout aurait pu basculer… non, pas basculer ; mais être différent, être autrement.

 

Et quand je vois notre tribu et notre maison pleine de bruits et de soleil, notre jardin plein de roses et notre bibliothèque, mon refuge, pleine de sérénité ; et surtout quand je te regarde, toi, ma compagne, ma complice des bons et des mauvais jours, toi avec qui j’ai tout construit, toi sans qui rien ne se serait construit, je me dis que j’ai eu une bonne vie, une belle vie et qu’à 20 ans, j’ai pris le bon chemin, j’ai eu le bon réflexe… sans même le savoir…

 

A quoi tiens la vie ? A quoi tiens le bonheur ?

 

Pendant qu’arrive le gâteau d’anniversaire dont je devrais souffler les bougies en une seule fois pour bien montrer que j’ai encore du souffle et que mon fils aîné ouvre une bouteille de champagne australien, bien meilleur que celui que font les français d’après ce que l’on dit chez nous, je revois cet épisode de ma vie comme un vieux film, avec amusement, avec attendrissement, cet épisode que je n’ai jamais raconté à personne.

 

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C’était la nuit, une nuit de novembre 1959, à Londres, sur un quai de la Tamise, non loin de « Vauxhall bridge »…

 

Non, il n’y avait pas de brouillard… mais un froid sec et vif, pétillant et vert comme du champagne.

 

Le lendemain, je reprenais le bateau pour rentrer chez moi, en Australie, au bout d’un an de voyage.

 

L’idée était de mon oncle. Il voulait que je lui succède à la tête de son cabinet d’assurances et il ne croyait ni aux études, ni aux diplômes. Autodidacte, il pensait qu’un jeune devait voyager autour du monde plutôt que de perdre son temps sur les bancs d‘une fac. Il avait convaincu mes parents. Il m’avait acheté un billet d’avion pour les USA et une guitare. Il m’avait mis un paquet de « traveller’s » dans les mains et m’avait conduit en personne à l’aéroport en m’expliquant qu’avec la guitare et les accords qu’il m’avait appris quand j’étais jeune, je pourrai gagner ma vie n’importe où…

 

Il avait raison.

 

Je suis parti fin 58. J’ai parcouru les « States » en stop de San Francisco jusqu’à New York en faisant un détour par le Canada puis je suis passé en Europe où j’ai sillonné l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la France et enfin l’Angleterre. Partout, avec ma guitare, j’ai été bien accueilli. Grâce à elle, on m’a donné à manger, à boire et rares ont été les soirs où je dormais seul dans mon sac de couchage.

 

J’ai vu, j’ai appris plein de choses sur le monde et sur les hommes. J’ai connu des galères. J’ai vécu des moments merveilleux mais j’en avais marre. J’étais heureux de rentrer enfin chez moi. « I’m going home ».

 

Ma dernière nuit à Londres... J’étais assis dans la pénombre de ce quai désert et je jouais de la guitare en chantant des textes que j’avais griffonnés sur un carnet, au hasard de mes rencontres, de mes étapes, de mes découvertes.

 

C’était une belle nuit même si la lune jouait à cache cache derrière les nuages. Loin, vers le parc, sonnait un clocher… Londres, Impératrice des cités où jamais je ne me suis senti « étranger ». C’est en parcourant ses rues et ses parcs que le mot « liberté » a prit du sens pour moi. A Madrid, on m’a traité de clochard et à Paris, la police m’a contrôlé 20 fois en un mois. Ici, jamais un policeman ne m’a adressé la parole… Si, une seule fois, à « Trafalgar », vers 3 heures du matin, pour me demander si je n’avais pas trop froid.

 

J’aime Londres, la plus libre, la plus tolérante, la plus séduisante des cités que je connaisse.

 

Je ne sais pas par où il est arrivé. Brusquement, il était devant moi, c’est tout. Il me regardait et il écoutait mes chansons en silence. Il avait mon age à peu prés. Vêtu de cuir noir, il portait les cheveux longs pour l’époque. Dans l’obscurité, j’avais du mal à distinguer son visage. Simplement il se taisait ; il écoutait.

 

Alors, j’ai joué tout mon répertoire pour cet unique spectateur, pour cet unique concert, sous les étoiles, dans l’air vif qui sentait parfois le goudron ou le gas-oil quand passait sur le fleuve un bateau. Les mouettes, perchées sur les amarres, dormaient.  

 

Combien de temps ai-je joué ? Je ne sais pas. A un moment j’ai eu soif. J’ai ouvert une cannette de bière et j’ai bu une gorgée au goulot. Puis, je lui ai tendu la bouteille. Il l’a vidé d’un coup. Il a sorti un paquet de cigarettes et m’en a offert une avant de se servir. J’ai posé ma guitare et ensemble, en fumant, sans rien dire, on a regardé le fleuve où passait un train de péniches chargé de voitures.

 

Tout à coup, il a parlé. Il m’a dit que ma musique était vraiment fabuleuse et que mes textes sonnaient juste. Il avait l’air sincère. J’ai rigolé. Je lui ai parlé de mon oncle qui m’avait appris à jouer et de mon voyage, des villes, des aventures qui avaient inspiré ces chansons.

 

Il m’a dit que c’était génial, vraiment génial et il m’a parlé de lui, un tout petit peu… de sa mère tout de suite mais je n’ai pas compris si elle était morte ou simplement partie…il avait envie d’aller un jour aux USA. Il s’y passait des choses importantes pour la musique et surtout il y avait New York, la seule ville à ses yeux où il pourrait vivre… et mourir…

 

Il avait une belle voix, grave et triste mais déjà cassée et usée pour son age et en même temps capable d’enthousiasme surtout quand il parlait de musique. Il essayait de former un groupe mais il avait du mal. Il y avait toujours un truc qui n’allait pas. Les mecs ne venaient pas aux repet’ ou ils arrivaient bourrés. Il avait l’air découragé.

 

Je lui ai tendu ma guitare pour qu’il me montre ce qu’il jouait mais il a refusé en me disant que c’était mon concert à moi seul. Il a voulu que je rejoue une chanson qui parlait de Memphis et d’une fille aux yeux noirs et pleins de haine.

 

Il m’a écouté presque religieusement. Il a rallumé une cigarette et c’est la seule fois où j’ai pu voir son regard, à la lueur du briquet, un regard étrange…lunaire… il était autre part, déjà dans un autre univers…

 

A la fin, il y eu un long silence et puis, hésitant, presque timidement, il m’a demandé si je voulais pas venir, un jour, jouer avec lui et son groupe. Il avait besoin d’un son tel que le mien. Je lui ai répondu que c’était impossible, que je repartais chez moi, en Australie, sur un cargo, demain.

 

Il n’a pas insisté.

 

Une aube timide se levait doucement, loin, de l’autre coté de la ville et le vent a fraîchi.

Les mouettes et les goélands, un à un, s’ébrouaient et prenaient leur envol vers la mer pour aller pêcher. 

 

Alors, il s’est levé et m’a fait un signe de la main en guise d’adieu.

 

Comme il s’éloignait, je lui ai demandé :

 

-       « Hé, mec ! »

 

Il s‘est retourné.

 

-       « c’est quoi ton nom ? »

 

Il s’est marré :

 

- « Pourquoi ? Tu veux m’envoyer une carte postale avec un kangourou dessus ? »

            - « Non ! Pour mon journal. Je note le nom de tous ceux que je rencontre.

 

Il a hésité puis, s’est décidé :

 

-       « Lennon »

 

Un silence.

 

-       « John Lennon »

 

Et il a continué son chemin vers le jour qui arrivait.

 

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

 

Tout le monde attend que je souffle les bougies. Mais moi, la seule chose que je vois, c’est ton regard. Tu me regardes en souriant. Toi seule a compris que j’étais parti loin, très loin pendant quelques instants…

 

Ce sourire et ce regard : toute ma vie…

 

Non vraiment, il n’ y a rien à regretter…

 

LAST IROKOI © 2009 in « HISTOIRES DE LA VIE DE TOUS LES JOURS »

 

 

EN HOMMAGE A J.LENNON TUE LE 8 DECEMBRE 1980....

CE TEXTE DE 2009

8 décembre 2012

L ILE D AMOUR

Corse: Après tous ces jours rouge sang, une nuit bleue: Ca repose... Encore un effort les mecs, avec quelques balles à blanc, ca fera un joli drapeau français... 

8 décembre 2012

DEPECHE D AGENCE

PARIS 2 h 25 7 decembre 2012 (dépeche d'agence lastiro) / Rebondissement en Lorraine : Arcelor Mittral vient de proposer la reconversion du site sidérurgique de Florange en centre d’insémination artificiel pour vaches sacrées. 47 emplois seraient ainsi sauvegardés. Le président de la république salue cette proposition d’avenir qui va dans le sens du progrès et de la préservation de l’emploi en Lorraine. Il met ce qu’il nomme la victoire du bon sens et le fruit d’une négociation réussie sur l’action déterminée de son gouvernement.  Le premier ministre indique pour sa part qu’une telle action ne pourra se faire que si les bêtes ainsi élevées sont acheminées dans leur pays de destination via le nouvel aéroport de Nantes. De son coté A Montebourg propose la nationalisation immédiate des vaches sacrées. Aucune réaction de l’intersyndicale qui étudie depuis ce matin 4 heures les termes du protocole d’accord du patron indien. Le syndicat des vaches sacrées proteste d’ores et déjà contre cette délocalisation, symbole d’une mondialisation dérèglementée préjudiciable à la filière bovine dans son ensemble

18 novembre 2012

CARTE DE NOEL

Dans mon rêve, un étang gelé qui  s’éveille,

Toile étincelante  où se projette l’image d’un nuage

Un nuage qui file, droit au nord, avec le vent.

Dans mon rêve, des  montagnes et la neige plantées de sapins,

Ces gros généraux de bois engoncés dans un uniforme de cuir vert.

Dans mon rêve, des bandes d’enfants, joues rouges,

Dévalant sur des luges, les pentes qu‘ils remontent, cul trempé,

De plus en plus fatigués à mesure que passe la journée.

Et bientôt tombe la nuit, soleil derrière les sommets,

La neige devient bleue et il fait froid ; Il faut rentrer.

Dans mon rêve, maison de bois, isba de babouchkas,

Inquiètes, remuant, sur le poêle de faïence, le diner.

Odeur de résine et de fumée, de noix et de gants de laines mis à sécher…

Odeur de pommes aussi, de pommes rouges,

Rouges comme les joues des enfants enfin rentrés.

Ils tendent, vers le feu,  leurs mains insensibles  

Et leurs pieds engourdis

Et regardent les flammes, silencieux, les paupières alourdies.

Il y a, dans leurs rêves, des bonbons de chocolat

Enveloppés de papier d’argent,

Des ballons, des billes d’agate

Et des étoiles qui s’éparpillent dans le vent

Quand passe St Nicolas et son traineau lourd de cadeaux.

 

Ou es-tu monde étrange ?

Ou es-tu monde perdu

Qui, peut-être, n’a jamais existé

Que sur ces cartes de vœux

Saupoudrées d‘or et d’argent,

Que je signais péniblement… ?

Ou es-tu, monde imaginaire, inconnu de l’enfant des villes que j’étais ?

Monde qui naissait quelques jours avant  noël

Pour s’éteindre, comme une flamme de cierge,

Au lendemain de la fête ?

Non, tu n’as existé que dans mes rêves,

Mes rêves qui, chaque jour, s’estompent un peu plus,

Mouillés par l’encre de chine de l’ennui…

 

LAST IROKOI © 2012

 

18 novembre 2012

HAIKU 2 DU 18 NOVEMBRE 2012

Les pattes gelées

Sur le pavé verglacé,

Pigeon frissonnant.

 

LAST IROKOI © 2012

18 novembre 2012

HAIKU DU 18 NOVEMBRE 2012

 

Il pleut ; Corbeaux noirs

Et mon chapeau est percé.

J’ai froid aux idées.

 

LAST IROKOI © 2012

11 novembre 2012

BOB DYLAN EST MORT

Quand le jour se lève, quand le jour s’est levé,

Noir et blanc sur la ville,

Blancheur du phosphore,

C’est un  sémaphore de lumière.

Bob Dylan est mort

Quand le jour s’est levé.

 

Quand le jour se lève, quand le jour s’est levé,

Des vols d’oiseaux sur le ciel,

Lourds de mort,

De soleils mouillés,

Ravages en présage

Dans la journée,

Et Bob Dylan est mort

Quand le jour s’est levé.

 

 

Quand le jour se lève, quand le jour s’est levé,

Les bateaux restent couchés

Dans des flaques de marée.

Morne troupeau à la chaine,

Aux coques trouées, aux mats brisés,

Dérivant sur des rizières de varechs,

Sur des fleuves inachevés.

Leurs reflets sur l’estran

Dessinent au ciel

Des  forets d’arcs en ciel,

Des cathédrales  d’ogives

Qui s’élancent dans le silence

De ce pays d’eau et de sable

Et  la pluie rigole d’argent et de mercure.

Elle empoisonne mes rêves

Les matins

Où Bob Dylan est mort

Quand le jour s’est levé.

 

Quand le jour se lève, quand le jour s’est levé,

Dans ma chambre grise,

Aussi grise que le ciel,

Noir et blanc du matin,

Quand j’ouvre les volets…

Une femme dans mon lit

S’étire et me sourit.

Je lui demande son nom,

C’est la Vierge Marie…

M’interroge sur ma vie,

M’interroge sur mon cri.

Elle empoisonne mes rêves

Les matins

Où Bob Dylan est mort

Quand le jour s’est levé.

 

LAST IROKOI  © 2012

 

 

 

 

10 novembre 2012

AGON COUTAINVILLE

LA COTE DE LA DEROUTE

COTENTIN

NORMANDIE

(les photos d’un séjour du 4 au 6 novembre 2012)

DSCN3189

 

 

 1/ AGON COUTAINVILLE   http://img.gg/QN9SdPd

2/ PIROU  http://img.gg/xN94Bbt

3/ LESSAY / ST GERMAIN  http://img.gg/pN942Iv

4/ PORTBAIL / CARTERET  http://img.gg/0N9SlLd

5/ POINTE D AGON  http://img.gg/KN9S11c

6 / BARFLEUR  http://img.gg/WN9MTIH

7 / LA HAGUE / GOURY  http://img.gg/cN9Shfj

8 / REGNEVILLE / LES SALINES  http://img.gg/AN9M5uA

 

21 octobre 2012

USA

Il neigeait sur New-York et c’était la nuit.

Brouillard sur JFK, décollage interdit.

Je marchais dans les rues, le visage gelé,

Pour tuer le temps.

 

Là-haut, immeubles, vertiges de néon,

Sur l’avenue, sirènes et moteurs de camions

Je marchais dans les rues, le visage gelé,

Au hasard, rêve éveillé, égaré.

 

Néons bleus au coin d’une rue…

Boite à putes, Portier aux galons de général.

Qu’importe, juste après les tentures de velours

Un peu de chaleur.

 

Piste de danse, enfumée, lumières pisseuses

Silhouettes autour  vautrées; petites loges obscures.

Au piano, de longs cheveux blonds

Massacre un standard de Jarret.

 

Le bar, faux marbre marqué de traces, sale.

Tabouret à coté, un gros dont je ne vois

Que le visage luisant, porcin du sud

Et une femme, plus loin, gloussante.

 

Mes oreilles sont chaudes, souvenir d’enfance,

Et j’ai mal aux os de ma mâchoire.

Un Jack Daniels. Impossible de voir

Le fond de mon verre : il sent mauvais

 

Petite asiate faisant semblant de chercher.

Demande du feu. Ne fume pas

Demande si je suis seul.

Lui montre le tabouret vide à côté.

 

Elle commande une coupe de champagne

Et m’entraine sur la banquette d’une loge.

On me sert un JD que je n’ai pas commandé

Direct, la main sur ma cuisse…

 

La musique a changé. Un homme au piano,

Plus jazzy. Elle me demande

De la faire danser. Je dis non.

Ne sais pas. Sa main de plus en plus précise.

 

Des couples incertains sur la piste

Et, mêlé à l’odeur du tabac blond,

Celle de la sueur. La petite pue.

Pas lavée depuis…. Longtemps.

 

Un 3ème Jack. Lumière bleue à présent.

Musique plus sirupeuse encore.

Agilité de sa main, glissée,

Preste, dans mon pantalon. Je bande.

 

Renonce à caresser son entrejambe

Pourtant largement ouvert.

Aucune hygiène. Insupportable odeur

Presque à gerber. Elle a sorti mon sexe.

 

Inclinaison de la tête, elle me prend dans sa bouche.

Lentement et de plus en plus vite

Et son odeur de plus en plus forte

Je prends sa nuque dans ma main. Poisseuse de sueur.

 

Je lui demande d’arrêter. Elle me regarde.

Je répète « stop ». Elle me demande

Si j’aime pas ; si elle a mal fait

Pas de réponse. Juste un billet de 100 dollars.

 

Je suis sorti dans la nuit glacée de New York

Il ne neigeait plus mais les trottoirs verglacés glissaient.

J’ai marché dans les rues, le visage gelé,

Au hasard, sans rêve, pour tuer le temps.

 

 

 

LASTIROKOI © 2012

 

 

 

 

 

 

 

21 octobre 2012

ABBAYE DE HAMBYE / NORMANDIE

DSCN2714

 

 

plus de photos: UN PETIT CLIC EN DESSOUS

 

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21 octobre 2012

AGON COUTAINVILLE

DSCN2663

 

 

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21 octobre 2012

MAISON NORMANDE / HAMBYE

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20 octobre 2012

FAIRE-PART

Voir le jour se lever

Et mes rêves se diluer.

Il y a, dans le ciel, un gout de nuit

Qui ne veux pas s’en aller.

Apprendre la mort de mon premier amour,

Sur un faire-part de papier journal

Ephémère et dérisoire.

Voir ainsi ma jeunesse s’éloigner

Comme une ile noyée

Du brouillard des années passées

Vivre sa vie, éternel sans papier,

Sur une coquille de noix, chahutée…

De mille naufrages, être rescapé

Et remonter, sans gouvernail, un fleuve

Dont le timonier sans boussole

Est un homme de paille.

Suivre le destin lunatique

D’une erratique croisière,

Autour de balises inutiles et sans lumière

Se dire que, décidément,

Le café n’a aucun gout ce matin

Et, entendant le chat sous l’édredon

Caresser de sa patte

Ses oreilles de velours….

Comprendre que la journée insipide

Sera longue jusqu’au soir

Car, en plus, il va pleuvoir.

Lastirokoi  © 2012

20 octobre 2012

ILS MARCHAIENT

Mes morts, mes pauvres morts

Rien que la peau sur les os,

Peau parchemin et poudre d’os.

 

Mes morts, mes pauvres morts,

En quelle fosse, dans quel sombre caveau

Ou sur quel  bucher glacé de flammes bleues êtes-vous ?

Entre cercueil et sarcophage…

Juste 5000 ans… même pas l’éternité

Pour vous qui, en siècles, en millénaires, comptez…

 

Mes morts, mes pauvres morts,

J’aime à vous penser dans un jardin,

Sur une verte pelouse, sur la rive d’un étang

Lumière d’arcs en ciel qui s’entrecroisent

Loin, la haut, ogives s’arque boutant

Aux colonnes des nuages.

 

Mes morts, mes pauvres morts,

Revêtus de la toge blanche

Et chaussés de sandales,

Vous marchez dans la douceur de l’aube

Ou dans le crépuscule aux ailes de cuivre.

L’air sent l’aromate et le soleil est une agate

Dont l’écrin est un nuage.

Vous marchez paisiblement

Dans ce monde en genèse

Dans ce monde qui s’éteint…

Et le silence est votre royaume.

 

Mes morts, mes pauvres morts,

Vous êtes muet

Vos paroles, inutiles ici, se sont tues à jamais.

Votre monde est une ile de silence

Qui dérive à l’ancre d’un univers triste et doux.

 

Mes morts, mes pauvres morts,

Au visage de cire,

Sages et sereins,

A qui donc pensez-vous ?

 

A nous, oui peut être bien à nous…

Les vivants…

Aussi tristement que nous,

Quant au détour du chemin,

Brusquement, votre image se rappelle à nous…

Quand en tournant la page d’un livre

Brusquement,  un souvenir se réveille

Flamme hésitante sur la braise d’une buche

Et se rendort, sourde et calme…

Nostalgique…

 

LASTIROKOI ©2012

 

 

9 août 2012

ETERNITE?

Mon dieu, que je suis fatigué, que je me sens fatigué. On dirait que des tonnes de pierre pèsent sur mes draps, sur ma poitrine et sur mes épaules… L’impression que le lit bouge sous ce poids et va, brusquement, s’écrouler… impression que, d’un instant à l’autre, je vais être écrasé…

 

Et ce mal de tête qui revient, lancinant… comme un pouls qui bat, lentement… balancier d’une énorme horloge… qui, peu à peu, imperceptiblement, ralenti…

 

Cela fait donc cela quand on meurt… car je suis en train de mourir… c’est certain…

 

Pas très agréable… enfin, il y a surement pire… plus long ou plus rapide…

 

Le temps… Oui, le temps… il faut dire au gens, à tous les gens que c’est une fumisterie… ces montres, ces horloges, ces sabliers, ces cadrans solaires, ces…. Clepsydres… fumisterie… ne servent à rien…

 

Le temps… n’existe pas … c’est une donnée nulle et non avenue… un mensonge… une trahison…un non-sens… Le temps est une donnée vide de sens…

 

Ainsi, moi qui suis… (ou plutôt qui crois être) dans un hôpital, dans une salle commune d’un vieil hôpital… je ne sais pas depuis combien de temps j’y suis… j’y suis entré je veux dire…ni quand…exactement…

 

C’est étrange… tout le temporel est parti… s’en est allé…je ne sais pas l’âge que j’ai… par exemple… et, à l’heure ou je pense à cela, si c’est le jour, le soir ou la nuit, si c’est l’hiver ou l’été…

 

Oui, il faut revoir cette notion de temps… Elle ne signifie rien pour moi ou pour quelqu’un qui serait dans ma situation, par exemple, qui ne peut me dresser pour voir, par la fenêtre, le temps qu’il est ou  qu’il fait et, sur le mur, l’heure qu’il est à la pendule… pour autant qu’il y est une fenêtre ou une pendule dans cette pièce…

 

Aussi revoir cette notion de chaud ou de froid, de tiède ou de gelé, de faim ou de satiété, de soif, de… les mots me fuient…

 

Je ne sens rien de tout cela : faim, soif, froid, chaud sont des mots vides de sens et dont je perds l’usage… à me demander même si  j’ai ressenti tout cela un jour… je ne me rappelle pas ce que c’est que la faim ou la soif… ce que c’est qu’avoir chaud ou qu’avoir froid…. Je ne sens rien… je ne sens plus rien…

 

Le sommeil… impossible de savoir si je dors ou si je suis réveillé… pour moi veille ou sommeil, c’est la même chose…  les rêves alors ? Non, négatif… les rêves ne sont pas un bon marqueur du sommeil… ainsi, actuellement, pouvez vous m’affirmer que je ne vous rêve pas ?… prouvez moi que vous n’êtes pas un rêve…

 

Ainsi, l’autre jour, un troupeau de lampes électrique a, semble t il, attaqué quelqu’un, plus loin dans la salle… je dis « quelqu’un » et « semble t il » parce que, bien sur, je n’ai rien pu voir… juste une impression d’ombres et de faisceaux de lumière sur le plafond et une voix (d’homme ? de femme ? d’enfant ?jeune ? vieux ?) qui hurlait… je ne sais pas… ca c’est arrêté…est ce bien important ? Cela n’a plus hurlé donc les « jeanne d’Arc » ont chassé les lampes… surement.

 

Les « jeannes d’Arc »… je ne sais pas pourquoi ils ou elles s’appellent comme cela… « Ils » ou « elle » car je ne sais pas s’il s’agit d’hommes ou de femmes… les Jeannes viennent me voir… souvent et de temps en temps… Cela s’agitent autour de moi… puis ca repart… je ne sais pas ce qu’on m’a fait .je ne sais pas ou je ne sais plus… je m’en fiche…

 

Temps d’absence… comme je dis…

 

Tient… les jeannes sont revenues… nombreuses… au moins… plusieurs… elles sont là… un peu bête… s’agitant… et brusquement calme… secouant la tête comme pour dire « non ». L’une d’elle m’a touché les paupières et m’a fermé les yeux… je voudrais les rouvrir… impossible… je n’ai pas la force qu’il faudrait pour faire cela… leur dire… impossible je n’ai plus les phrases, les mots…  la voix pour cela… non, plus la force de parler

 

Temps d’absence … encore

 

Quand je reviens (d’où ?) il y a  une odeur… (Oui, quand on meurt, il m’apparait que le dernier des sens à répondre semblerait être l’odorat… en tout cas, pour moi) une forte odeur de … bois. Etrange… je perds mes mots ou plutôt le sens des mots mais le mot « bois » ou plutôt l’odeur qui correspond à « bois » évoque encore quelque chose pour moi… quelqu’un… un vieil homme… peut être… je ne sais plus… est ce bien important ?

 

Je suis dans du bois… entouré, cerné, serré par du bois… je voudrais voir ou même toucher… mais non impossible de bouger… ces foutues pierres m’ont écrasé et personne pour me rouvrir les yeux… les jeannes sont parties… et même si elles étaient là…

 

Temps d’absence … toujours

 

Ainsi donc… c’est ca la mort ?…

 

Last Irokoi © 2012

 

  

 

 

 

 

 

 

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LE TIPI DE LASTIROKOI
  • Retranché dans ses fôrets et sous son tipi ou il y a le WI FI (ben oui ça t'étonne?), un indien qui ne comprend plus grand chose au monde civilisé... Il vous emmene dans son monde de textes, d'histoires de tous les jours. N'hésitez pas à réagir vous aussi.
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LE TIPI DE LASTIROKOI
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